vendredi 14 juin 2013

L'homme qui plantait des arbres


Quand il était tout bébé, dans les bras de sa maman, il avait ce petit visage d'ange, ce sourire à la Vie, cette énergie, cette force tranquille et ces yeux vifs qui, avec le recul, nous font reconnaître que déjà, c'était évident qu'il allait embellir ce monde. 


Comme ce papillon, l'homme qui plantait des arbres a la présence discrète mais ô combien riche et profonde pour qui réussit à s'en approcher. Il a un respect immense pour la vie, la beauté, la pureté, le silence et la réflexion. 


Si ce bel orignal se permettait de faire un somme en plein après-midi si près de son quai, c'est qu'il se savait en sécurité tout près du camp de l'homme qui jardinait la nature comme on prend soin d'un bébé qu'on aime à voir grandir et s'épanouir. 


Il aime la forêt et profite de toutes ses richesses. Il connaît les arbres, arbustes et plantes de la forêt boréale. Il connaît aussi leurs secrets, il peut les nommer par leur petit nom puisqu'il est un intime mais il connaît même leur nom latin, il a choisi de faire de la foresterie son métier, en plus de sa passion. 


Il peut passer des heures et des heures à contempler la forêt et la vie qui bat. C'est même là qu'il se sent le plus vivant et en harmonie avec l'univers. Chaque fois que la vie l'a malmené, il ressentait le besoin viscéral  de se réfugier dans la forêt qui lui ouvrait ses bras. Comme une mère aimante. Ou un enfant chéri. 


Cette photo, c'est lui qui l'a prise. Il me l'a donnée il y a longtemps, je l'ai eue comme fond d'écran depuis tout ce temps-là, et ça représente pour moi une espèce de paradis, un monde de paix accessible, croqué sur le vif au hasard de ses déplacements dans le cadre de son travail. 


Celle-là aussi, c'est lui qui l'a prise. Si l'on peut connaître une personne par les choix qu'elle fait, ces deux photos donnent une idée du paysage intérieur de l'homme qui plantait des arbres. 


Ici en grande conversation avec le plus jeune de ses fils. Il a souvent réussi par le geste plus que la parole à communiquer sa passion à ceux qui l'entourent. 


Cet arbre droit et fier qui pousse de manière improbable sur cette île de roche, c'est tout lui. Il aime beaucoup cet endroit : Rapide Six. J'ai toujours pensé qu'il s'y reconnaissait inconsciemment. 




Nous autres, on dit qu'il est tellement amoureux des arbres qu'il les prend chacun leur tour dans ses bras mais pour dire vrai, c'est qu'il était fier cette fois-là de nous montrer que ce bouleau était si fort et en santé qu'il avait de la misère à en faire le tour. 

L'homme qui plantait des arbres 

Sa formation en foresterie l'a amené à se spécialiser en aménagement forestier. Mais ce n'est pas dans le cadre de son travail qu'il plante tant d'arbres et qu'il jardine la forêt depuis toujours. S'il a créé des mini forêts boréales partout où il a planté ses propres racines, c'est pendant ses heures de liberté et de loisir qu'il l'a toujours fait. 

Quand nous étions presque voisins au lac Dufault, je lui ai demandé une fois combien il avait planté d'arbres sur son terrain et il m'a répondu qu'il avait arrêté de compter après 750. Son défi et son plaisir consistent à diversifier les essences : les pins rouges, blancs, gris, les épinettes blanches, noires, les bouleaux, les merisiers, les frênes, les chênes, les mélèzes, les thuyas et j'en passe. Il prévoit pour chacun l'environnement qu'il lui faut, tant pour l'espace que pour l'ensoleillement, l'orientation, le sol, le drainage naturel et tous les critères de réussite qu'il maîtrise comme pas un pour que la forêt soit naturelle, belle et sauvage. Il l'aménage pour qu'elle n'ait pas l'air d'avoir été aménagée justement. Il l'aime nature! 

Il s'approvisionne en arbres auprès de plusieurs de ses amis et connaissances qui travaillent dans des domaines connexes, par exemple l'enseignement de la foresterie. Pendant le mois de l'arbre et des forêts, en mai de chaque année, il tient des kiosques pour informer les gens lors des activités de distribution d'arbres. Ainsi il communique sa passion et prodigue ses conseils à d'autres et à la fin, c'est lui qui part avec tout ce qui reste. Là où il demeure maintenant, il a pris sous son aile un terrain vague en face de chez lui depuis son arrivée, en 1999, et quand je lui ai demandé l'autre jour combien il avait d'arbres de plantés sans « SA » forêt urbaine, il m'a répondu qu'il avait arrêté de compter après 3000. 

Vous croyez qu'il aime planter des arbres? Non, pas tant que ça. Mais il y met tout son coeur quand même. Il dit qu'il faut persister, être tenace, rempli de patience et de tolérance, que la nature est plus forte que tout. Il sait d'avance et par expérience que sur 10 arbres qu'il plante, seulement 3 vont réussir à survivre, s'enraciner et grandir, parce que 7 vont être bouffés par les lièvres ou autres petits animaux de la forêt qui ont le droit de vivre eux autres aussi. Que même s'il y a plus de pertes que d'arbres qui survivent, il va toujours continuer à en planter. C'est un gars de même, l'homme qui plantait des arbres. Il a cette foi inébranlable et cet espoir fou, solide, tendre et infatigable dans la beauté du monde et la puissance du petit geste qu'on répète inlassablement. Modestement. C'est qu'il est visionnaire. Il voit des forêts là où il n'y en a pas encore et là où elles ont été décimées. Et il les crée selon ce qu'il imagine pour l'avenir. Il les crée vraiment de toutes pièces. Avec amour. Avec patience. Dans l'anonymat. Le silence. La liberté. La créativité. 

Il y a quelques années, l'un de ses amis qui est aussi le mien m'avait consultée au sujet de l'homme qui plantait des arbres. Il voulait qu'on lui rende hommage pour tout ce qu'il avait réalisé dans l'ombre depuis si longtemps et qui méritait une reconnaissance publique. Cet ami était désolé qu'il ne veuille pas de cette reconnaissance et pour aucune considération. Il me demandait d'intervenir auprès de lui pour le faire changer d'idée, ce que j'ai refusé de faire, par respect pour sa volonté et les raisons qu'il évoquait. Il croyait qu'en attirant l'attention sur lui et sur ses forêts, surtout celle qu'il a créée en milieu urbain, les gens allaient venir pour voir le fruit de son patient travail et tout bousiller, l'espoir entretenu, l'acharnement qu'il y a mis, la variété et la richesse qui s'y trouvent. 

À l'instar du film de Frédéric Back, L'homme qui plantait des arbres, il croit que la semence d'arbres est le symbole de toutes nos actions qui, à long terme, ont des conséquences que nous avons peine à imaginer. Il croit aussi que c'est à nous de penser et d'agir en fonction de ce que nous espérons pour l'avenir, de laisser si possible un monde plus beau et plus prometteur pour ceux qui nous suivent. 

Il a cette générosité sans borne et cet espoir complètement fou, mon frère Yves. 

Et pour m'assurer de ne pas froisser sa modestie légendaire, je lui rappellerai simplement l'une des phrases préférées de notre maman : « Le bien fait peu de bruit », ce qui n'est pas une raison pour taire à tout jamais les bons gestes qui se posent dans l'anonymat et le silence, cette inspiration qui était la marotte de notre papa, « Y a plein de bon monde dans le monde ». Moi, je crois que notre société a grand besoin de se faire raconter ce genre d'histoire vraie qui nous réconcilie avec la nature et les gens. 

Je lui souhaiterai aussi de voir pendant très longtemps encore se multiplier et s'épanouir ses forêts, entouré de ceux qu'il aime et qui partagent ses amours et ses passions. 

lundi 3 juin 2013

Aimer la pluie, prise 2


Je vous racontais l'autre jour d'où ça venait que j'aimais la pluie... Et ça venait de loin! Était-ce de l'intuition? Depuis le début de la saison, pour une fille qui aime la pluie, disons que je suis servie!!!  Comme il y a des histoires qui se racontent mieux en images qu'avec des mots, voici des petits moments de notre fin de semaine au campe... et sous la pluie. On commence par un déjeuner avec permission spéciale : du Nutella sur les rôties. 


Entre deux ondées, tout est calme...


Les arbres se mirent dans la rivière...


Le canot semble nous inviter à profiter de ce moment pour aller observer la faune des alentours. On a vu une loutre, des canards et un castor. 


Sous la galerie couverte, on peut jouer aux poupées de papier, se raconter des histoires drôles, jouer aux devinettes,  


Pratiquer la poutre,


Donner du pain aux pies,


Faire un petit tour de canot, mais pas loin parce que le ciel est encore à la pluie. 


Pêcher sur le quai... à la ligne morte. 


En attraper un...


S'en faire une petite entrée à déguster en attendant le souper.


Dimanche, c'était le déluge. Si on avait attendu une accalmie pour faire le trajet en bateau à partir du campe jusqu'à la marina (8 à 10 minutes), je pense qu'on y serait encore! Alors, avec une bâche et une rame, on s'est fait comme une petite tente dans la chaloupe, 


Et on est restés bien au sec


Félixe a voulu prendre une photo de moi parce qu'elle me trouvait rigolote avec mon petit chapeau de paille. C'est vraiment elle qui a pris cette photo! 

Aimer la pluie, prise 2

Et voilà. C'est pas plus compliqué que ça. Malgré la pluie, on s'est bien amusé, bien reposé et puis, en prime, Isabelle a pu passer à travers toute sa pile de correction des examens de ses élèves. J'ai même joué aux cartes avec Félixe, moi qui ne pensais jamais que j'aurais un jour accepté l'idée de jouer aux cartes. Je dis toujours que c'est pas que j'aime pas ça mais la vie est trop courte...